Format: Texte modifié le 23 février 2010
Auteure: Nicole Cournoyer
Mon expérience en enseignement, formation et animation en créativité m’a montré l’importance de développer la pensée créative, de favoriser des conditions d’apprentissage collectif et de faciliter la participation de l’ensemble des membres d’un groupe, pour mieux apprendre. Aussi, vous trouverez dans ce texte, une réflexion personnelle initiale, associée à des éléments d’information et des références concernant la formation et l’animation avec des approches diversifiés. De façon plus spécifique, je m'intéresse spécialement à deux auteurs qui permettront de présenter des points de vue complémentaires et applicables à la formation et à l’animation des groupes en formation. J’insiste brièvement sur le concept "Enseigner et apprendre à cerveau global" de Ned Herrmann [1], de manière à souligner l’intérêt d’explorer davantage le principe de diversité et de multidisciplinarité en contexte d’apprentissage en groupe. Puis, je me réfère à la théorie des petits groupes d'Yves St-Arnaud dans son livre Les petits groupes, participation et communication [2], qui fournit des pistes intéressantes au sujet du phénomène de groupe et adaptables au contexte de formation.
Par ailleurs, trouver des alternatives additionnelles, promouvoir les possibilités et les nouvelles hypothèses appartiennent à l'univers de la créativité. Les propos d’un consultant en créativité fournit des éléments propices à cette forme de pensée. Il s’agit de Ned Herrmann. En effet, dans son approche, Ned Herrmann nous invite à concevoir les formations en tenant compte de «[..] l’unicité de chacun de telle sorte que ce qui est enseigné soit compris de tous et pas seulement en termes intellectuels, mais également de façon à ce que cela ait un sens, une signification en terme de vécu. Cette unicité de chacun se reflète inévitablement sur le style d’acquisition de chaque individu. Ce qui implique pour le concepteur/animateur de formation d’adapter le contenu, la pédagogie, l’environnement et les techniques de ces intervention».[3] De plus, son concept «enseigner et apprendre à cerveau total» offre un point de vue intéressant. Il s’agit de reconnaître dans le processus de la pensée des participants, leurs modes de pensée préférés. À cet égard, pour établir un diagnostique, Herrmann propose même un outil qui s’appelle «le profil des préférences cérébrales». Cet outil est un questionnaire que chacun s’administre afin d’obtenir son profil personnel. À la suite d’une mise en commun ou de l'interprétation de ce test, le formateur se trouve en mesure de considérer l’unicité de chaque groupe de formation, ce qui lui permet de conceptualiser et d’animer une formation mieux adaptée. Il faut souligner que l’approche d’Herrmann fait ressortir les avantages d’offrir une formation sur mesure et elle met également l'accent sur la condition pour la réussite de cette formation. Selon Herrmann, les conditions de réussite « consiste à créer une dynamique "cerveau total" pour un groupe composé de toutes les préférences cérébrales» [4]. En d’autres termes, il recommande de favoriser les groupes hétérogènes, où semble-t-il, les formations deviennent plus intéressantes. J’ajouterais à condition, que la dynamique du groupe reste positive. En effet, dans le cas contraire, cela peut engendrer plus de difficultés.
De plus selon lui, les contenus diversifiés et offerts par chacun, sont considérés comme faisant partie de la formation. De sorte que les découvertes se concrétisent grâce à l’interactivité des participants. Dans ces conditions de participation, le groupe composé à “cerveau global” et la conception de la formation nécessitent que les animateurs s’engagent et utilisent l’unicité de chacun, tout en favorisant une pédagogie à “cerveau global”. Enfin de compte, cette approche permet d’expérimenter la diversité autant dans son rôle d’animateur que dans les différentes positions de participation. Enfin, cette approche favorise la richesse des contenus soumis par les différents membres du groupe.
Au terme de ces observations, on peut ajouter que s'engager dans des interventions qui respectent les préférences cérébrales, en constituant des groupes en « cerveau global » où tous les membres participent, demandent sans doute beaucoup de polyvalence tant du côté des techniques d’animation que des connaissances théoriques ou pratiques. De plus, cela peut impliquer parfois une expertise particulière en rapport avec un champ d'intervention. En plus, cela exige de posséder des savoirs faire multidisciplinaires et beaucoup de flexibilité intellectuelle dans des domaines diversifiés. Par conséquent, selon ce qui précède, il devient évident que le formateur ou animateur se doit de développer le mode de pensée créative. De fait, savoir stimuler la pensée créative chez les autres, savoir diriger un groupe sous un mode de fonctionnement en « cerveau global », pouvoir provoquer de nouvelles perceptions ou encore faire trouver de nouveaux concepts ou solutions permet également de réaliser de meilleures interventions.
Pour compléter notre réflexion au sujet du phénomène de groupe en contexte de formation et relativement à la théorie d'Yves St-Arnaud, au sujet des petits groupes [5], retenons quelques éléments des propositions de celui-ci de manière à les transposer au groupe de formation ou discussion. Pour ma part, je reconnais en tant qu'animatrice/formatrice que :
Pour favoriser les apprentissages dans un groupe de formation, il est nécessaire:
Pour collaborer à la naissance du groupe de formation , il faut :
Pour créer les conditions favorables au rendement du groupe de formation, il est souhaitable :
Pour réunir les éléments essentiels à l'animation d'un groupe de formation, il est important de permettre et faciliter les relations :
Pour un formateur qui privilégie une approche basée sur les ressources du groupe, il est primordial de maîtriser les fonctions principales exigées par cette approche, à savoir:
Il est à retenir que la réussite d'une formation ou la conduite d’une réunion fondée sur le potentiel d’apprentissage du groupe repose également sur la qualité d'être du formateur/animateur qui doit, dans ce contexte, savoir cumuler différents rôles et remplir des fonctions essentielles à la définition du problème, à la recherche de solutions et surtout à la poursuite de l'objectif commun qui est d’expérimenter ensemble ou de faire apprendre. A cet égard, le responsable de la formation se trouve en situation de tenir successivement le rôle d'animateur, en assumant un leadership qui suscite l'intérêt, la participation et la conscience du groupe; le rôle d'expert, par les connaissances spécialisées qu’il possède; le rôle de l'autorité, par le mandat précis qui lui incombe; le rôle de ressource principale ou d’intervenant de première ligne dans le processus de prise de décision et de résolution de problèmes, grâce à l'exclusivité des informations pertinentes qu'il possède.
Au terme de ces considérations, dans une situation de formation, en tant que formateur ou animateur, il est important de s'engager :
Ainsi, en cherchant à comprendre un processus de formation basé sur l’animation de groupe, nous avons pu nous questionner sur une approche privilégiant l’apport du groupe et sollicitant un savoir faire en animation. De plus, nous avons examiné les phénomènes importants de la formation en faisant ressortir les avantages de faire participer les membres du groupe pour favoriser le développement des personnes et du groupe. Puis, nous avons pu reconnaître les attitudes favorables aux apprentissages collectifs et les aptitudes nécessaires pour réussir à planifier, animer et évaluer des situations d'apprentissage propices à la formation en groupe.
En terminant, j'ai voulu dans ce texte souligner l'importance de la pensée créative en contexte de formation ou d'animation de groupe pour développer différentes façons de penser, de dire, d'argumenter ou de réfléchir en adoptant plusieurs points de vue. Puis, l’approche de Ned Hermann m’a servi à souligner l’importance de constituer des groupes, où la diversité ou la multidisciplinarité permet de créer une dynamique d’apprentissage en «cerveau global», qui enrichit passablement le contexte de la formation/animation. Enfin, l'approche d'Yves Saint-Arnaud m’a servi à inventorier les éléments importants liés aux phénomènes de groupe que j'ai transposés au contexte du groupe d’apprentissage. Ce qui m'a permis de montrer l’importance d'utiliser les ressources diversifiées des participants pour enrichir le contexte de la formation ou de l’animation. J’espère vous avoir permis de réfléchir sur la nécessité d’être créatif en tant formateur/animateur, de manière à provoquer de nouvelles façons de faire ou d’apprendre différemment.
Herrmann, Ned. Les dominances cérébrales et la créativité, Paris, éd. Retz, 1992.
Herrmann, Ned. La technologie des préférences cérébrales appliquée à la formation, (texte imprimé).
Pour connaître la méthode Herrmann, groupe Ned Hermann, 1990. Page 2 et 3 (texte imprimé)
St-Arnaud, Yves. Les petits groupes, participation et communication. Québec, Les Presses de l'Université de Montréal, les Éditions du CIM. 1989.177 pages.
[1] Herrmann, Ned. Les Dominances cérébrales et la créativité, Paris, éd. Retz, 1992.
[2] St-Arnaud, Yves. Les petits groupes, participation et communication, Québec, Les Presses de l'Université de Montréal, les Éditions du CIM. 1989.177 pages
[3] Herrmann, Ned. Les dominances cérébrales et la créativité, Paris, éd. Retz, 1992.
[4] La technologie des préférences cérébrales appliquée à la formation par Ned Herrmann. Texte imprimé.
[5] St-Arnaud, Yves. Les petits groupes, participation et communication,Québec, Les Presses de l'Université de Montréal, les Éditions du CIM. 177 pages